À
proximité de la place Rogier, 1983
CONSTRUCTION
On
a coutume de classer les photographies selon deux catégories :
les photos trouvées et les
photos construites.
Les premières sont cherchées par
les photographes soucieux de retenir les événements fugaces, les
associations fortuites, les mimiques, les gestes, les attitudes
inattendus... tous événements improbables et incertains qu'il faut
saisir au vol. La photographie de rue est la discipline-reine des
photos trouvées.
Les secondes sont agencées
délibérément par le photographe qui rassemble et met en relation
des objets dans un environnement choisi, y place des personnages (des
mannequins souvent, c'est-à-dire des acteurs)... en contrôlant tous
les éléments qui composent son image. La photographie de studio
recourt systématiquement à la photo construite.
Cependant – comme il arrive
souvent avec ces catégories trop commodes –, il y a une foule de
photographies qui ne se plie pas à cette classification. L'image
reproduite ici en est l'exemple parfait. La grue, le soleil, sont des
éléments trouvés. Leur association, qui crée cette image, son
ambiance et l'allégorie qu'elle suggère, n'est pas tant fortuite
qu'elle n'y paraît, puisque j'ai soigneusement choisi mon point de
vue pour assurer cette coïncidence, et patiemment attendu que le
soleil descende assez pour qu'elle se fasse. C'est donc une photo
trouvée-construite...
La morale de cette observation est
qu'en photographie il faut apprendre à se défier des
classifications et des règles. La vertu cardinale du regard
photographique est la transgression.
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