samedi 14 novembre 2020

52 SEMAINES À BRUXELLES – Cinquante et unième semaine

 

Belgian Pride Parade 2017


BICHROMATISME

 



Un des paradoxes de la photographie couleur est de nous avoir appris que l'image n'a jamais autant de force que la palette des couleurs mise en œuvre est la plus limitée possible. La sobriété des moyens est une vertu ; la bigarrure chromatique du coloriage.

Rencontrer un visage souriant, c'est faire l'expérience de la chaleur humaine ; les tons chauds lui conviennent. Comme ici : une carnation un peu hâlée (maquillée?) et des cheveux (teints?) qui lui répondent. Il se crée par là une proximité, de la complicité, l'envie d'embrasser. Dans l'opposition à son environnement, cette impression se renforce encore ; ici, avec les accessoires vestimentaires unis dans la couleur bleu clair. Le bleu, ton complémentaire à celui du visage, évoque le froid, l'indifférence et l'éloignement. Mais, par cela même, met tout aussitôt ce visage en valeur : on ne voit plus que lui.

Deux couleurs seulement suscitent toute la résonance émotionnelle avec laquelle nous appréhendons cette photo. Ce n'est pas une image monochrome, mais à peine plus : du bichromatisme. Toute sa force est là, dans l'économie des moyens. Je prie tous ceux qui estiment que la photographie couleur n'est que coloriage de bien vouloir considérer cette photo : qu'éveillerait-elle en nous si elle était en noir et blanc ?

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