samedi 2 février 2013

Brussels is love

Je suis né à Bruxelles et y ai vécu 35 années. C'est ma ville natale; celle vers laquelle, irrésistiblement, mes pas me guident quand je veux faire du street shooting.

J'ai photographié cette ville — ou plutôt, les menus événements ou scènes de ses rues — de 1977 à 1983, quand ma «conscience photographique» s'est comme cristallisée. Puis de 2009 à 2012, lorsque je passai à l'image numérique.

J'ai finalement rassemblé ces images dans un recueil que je rêvai de pouvoir un jour publier, et que la magie du numérique a rendu soudain possible. Le résultat de ce recueil est proposé au bas de ce message. Je me contente de reproduire ici in extenso son introduction qui en explique la démarche et les intentions :


BRUSSELS IS LOVE

Dans un sens, oui, Bruxelles est amour. En ce sens que cette ville qui m'a vu naître et où j'ai grandi, est aussi celle où je forgeai mes premières expériences photographiques. Elle demeure encore le terrain privilégié de mes chasses d'images; un lien affectif nous lie à jamais. Celles présentées dans ce livre sont la manifestation de ces expériences, et l'expression de mon amour — quelquefois déçu, il est vrai — pour cette ville. Elles lui sont aussi comme un hommage.

J'ai fait des études de photographie à Bruxelles de 1976 à 1978. C'est en 1977 que je découvris, dans un magazine spécialisé, les images du photographe américain Jay Maisel. Ce fut comme une révélation :«voilà les photos que je veux faire !». Ces images m'apparaissaient avec une charge d'évidence telle qu'elles semblaient avoir dû s'imposer à l’œil du photographe comme devant être saisies. Un moment, il m'a presque semblé que ces images étaient miennes.

Á partir de ce jour, je me mis à photographier «comme Jay Maisel». Je chargeai mes appareils de Kodachrome; j'acquis presque le même jeu d'optiques. Et je cherchai dans les rues de Bruxelles, comme Jay Maisel dans celles de New York, sa ville natale et de résidence, ces scènes qui s'imposent d'évidence comme devant être photographiées. Photographies chargées de l'émotion d'une lumière, de couleurs, de gestes et de visages qui font d'elles les ambassadrices de cette émotion ressentie à leur perception et prolongée par le plaisir de les contempler ensuite.

Certes Bruxelles n'est pas New York, mais les opportunités d'y saisir des images uniques ne manquent cependant pas. Je maraudai alors six années durant dans ses rues, l'appareil à la main, à la recherche de ces émotions visuelles que les images du photographe de New York avait éveillées en moi.

Il ne faudrait cependant pas se méprendre sur le sens du recueil présenté ici. Il s'agit d'une vision purement idiosyncrasique de Bruxelles, et loin de moi l'ambition de faire «un livre sur Bruxelles». Il s'agit d'un recueil d'images faites à Bruxelles. C'est fort différent : Bruxelles m'a été comme un gisement secret d'images à saisir, et non l'objet d'un essai photographique conscient et construit. Il n'y a pas de fil conducteur qui lie ses images, si ce n'est d'avoir été faites à Bruxelles. Elles n'ont qu'une valeur documentaire accessoire, et si j'ai juxtaposé dans ce livre celles réalisées ces dernières années avec celles d'il y a trente ans, ce n'est pas pour manifester quelque «évolution» de la ville, de son tissu urbain ou de sa réalité sociologique. Toutes ces préoccupations sont loin de moi.

Ce qui me préoccupe, c'est le plaisir de réaliser des photographies et de les contempler ensuite, c'est-à-dire aussi de les partager. C'est une sorte d'«émotion esthétique» qui aura mené à la réalisation de ce recueil. Et tout mon espoir mis à la publication de ces photographies est de susciter chez ceux qui les regarderont, ce même plaisir et — qui sait ? — éveiller peut-être une même passion pour la photographie telle qu'elle fut pour moi comme l'une des plus positives qu'il m'ait été donné de vivre.

La démarche suivie, qui fait la part belle au hasard, ne saurait avoir de terme. Répertorier ainsi par l'image un environnement qui, par nature, est évolutif, ne saurait être achevé un jour. Il faut pourtant conclure. Ou, plus justement, il faut un jour marquer le pas et jeter un coup d’œil rétrospectif sur le chemin parcouru. Ce livre en est un premier témoignage.



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