Rue
du Marché, 1981
SYSTÈME
BINAIRE
L'astronomie me passionne. Non pas
pour les étonnantes découvertes scientifiques qu'elle permet. Pas
plus pour les audacieuses avancées technologiques qu'elle appelle.
Non, l'astronomie me passionne en ce qu'elle octroie à la
photographie une extension proprement cosmique. Que serait
l'exploration spatiale sans les sondes aux yeux perçants, appareils
photographiques interplanétaires auxquels nous déléguons notre
regard, et qui nous font découvrir les austères paysages de Mars,
de Vénus ou de Titan ? Et ces premiers extraterrestres qui
foulèrent le sol lunaire n'avaient-ils pas pris soin d'emporter un
appareil photographique, comme le touriste soucieux de rassembler les
images témoins de son passage ?
Tout cela me fait fantasmer. Que ne
donnerais-je pour photographier les vertigineuses falaises qui
bordent Valles Marineris ou l'écrasant massif Hebes Chasma ?
Quel exorbitant privilège ne serait-ce celui de pouvoir fixer le
majestueux lever de Jupiter à l'horizon des banquises brillantes
d'Europe ? Et quelle scène fascinante ne serait celle d'un
lever ou d'un coucher des soleils d'un système stellaire binaire ?
Quel spectacle excitant se doit être que celui des ombres aux
nuances contraires, selon la couleur de chaque étoile, se croisant
en motifs complexes (comment ajuste-t-on la balance des blancs ?) !
En 1981, dans une rue de Bruxelles,
il m'a été donné d'assister à un tel spectacle. Cette photo en
est le témoignage : un coucher de soleils appariés. Je trouve
quelquefois mes rêves les plus fantasques au détour d'une rue.
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