samedi 11 avril 2020

52 SEMAINES À BRUXELLES – Vingt et unième semaine

Zinneke Parade 2012



REGARD INTENSE




Il était un peu perdu au sein de sa troupe. Grimé de vert, un chapeau haut en équilibre instable sur sa tête, il observait ses compagnons en quête d'un geste, d'une attitude, d'un mouvement à imiter. Je ne me souviens plus à quelle zinnode il participait.


Je le photographiais depuis un moment déjà, à son insu, profitant d'un arrêt du cortège pour multiplier les clichés. J'aimais assez ces costumes et ces maquillages en vert majeur.


Puis, soudain, il m'aperçut. Ou plutôt, il aperçut l'œil morne de l'objectif pointé sur lui. Un très court instant, son visage s'est ainsi pétrifié, et son regard, qui exprime tant la surprise que l'interrogation, s'est figé. Une fraction de seconde ; juste le temps d'appuyer sur le déclencheur, avant qu'il ne se détourne.


La magie de la photographie s'exprime tout entière dans cette image : sa faculté de saisir l'éphémère, l'arrêter la fulgurance d'une émotion intime qui s'inscrit en clair sur un visage. Ce jour-là, il m'a été donné de pouvoir fixer à jamais un regard dont l'intensité ne se répétera peut-être plus, tant elle fut brève et juste, tant l'émotion qu'il exprima était fugace et intime. Ce regard, qui maintenant me scrute de manière presque obsédante, me fascine et m'émeut à son tour.


Oui mon garçon, il m'a été donné d'aller tout au fond de ton âme, l'instant d'un éclair, et pour l'éternité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire