samedi 25 avril 2020

52 SEMAINES À BRUXELLES – Vingt-troisième semaine

Station de métro De Brouckère, 2011

ASSOUPISSEMENT


Dans la photographie de rue, nous sommes toujours confrontés à cette difficulté qui consiste à accorder une attitude à son environnement. Ce dernier est toujours imposé ; la première toujours inattendue, et le rapport des deux arbitraire. La plupart du temps en dissonance, parfois en accord secret, très souvent incongru. Rarement en harmonie. C'est un fait qui accompagne la photo­graphie de rue et que l'on doit apprendre à accepter. Mais, quelquefois, cette incongruité relève l'image et lui permet d'échapper à la banalité.

Il y a des événements de couleur comme il y a des convergences graphiques qui structurent l'image d'une manière assez forte pour qu'elle en tire tout son sens, pour qu'elle « marche ». À preuve cette photo qui oppose la rigueur géométrique d'un environnement maîtrisé avec un personnage dont tout dans l'attitude s'y oppose.

Dans une station de métro fort fréquentée, il s'était assit là, fatigué sans doute, et s'est endormi. Son cabas s'est renversé, mais il n'en a pas conscience. Et personne de s'en soucie. Il dort là où tout le monde court ; il dort malgré le fracas des rames de métro qui viennent et qui repartent.

Et le miracle s'est opéré : le rouge des carrelages s'accorde ou rouge des motifs géométriques de son pull ; du rouge encore se répète des effets échappés du sac renversé. Le reste est gris clair, seul le rouge demeure, et l'attitude d'un homme assoupi qui nous offre une image comme sortie d'un rêve où la froide géométrie des choses se voit contestée par les besoins fondamentaux de la vie.

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