Station
de métro De Brouckère, 2011
ASSOUPISSEMENT
Dans
la photographie de rue, nous sommes toujours confrontés à cette
difficulté qui consiste à accorder une attitude à son
environnement. Ce dernier est toujours imposé ; la première
toujours inattendue, et le rapport des deux arbitraire. La plupart du
temps en dissonance, parfois en accord secret, très souvent
incongru. Rarement en harmonie. C'est un fait qui accompagne la
photographie de rue et que l'on doit apprendre à accepter.
Mais, quelquefois, cette incongruité relève l'image et lui permet
d'échapper à la banalité.
Il
y a des événements de couleur comme il y a des convergences
graphiques qui structurent l'image d'une manière assez forte pour
qu'elle en tire tout son sens, pour qu'elle « marche ».
À preuve cette photo qui oppose la rigueur géométrique d'un
environnement maîtrisé avec un personnage dont tout dans l'attitude
s'y oppose.
Dans
une station de métro fort fréquentée, il s'était assit là,
fatigué sans doute, et s'est endormi. Son cabas s'est renversé,
mais il n'en a pas conscience. Et personne de s'en soucie. Il dort là
où tout le monde court ; il dort malgré le fracas des rames de
métro qui viennent et qui repartent.
Et
le miracle s'est opéré : le rouge des carrelages s'accorde ou
rouge des motifs géométriques de son pull ; du rouge encore se
répète des effets échappés du sac renversé. Le reste est gris
clair, seul le rouge demeure, et l'attitude d'un homme assoupi qui
nous offre une image comme sortie d'un rêve où la froide géométrie
des choses se voit contestée par les besoins fondamentaux de la vie.
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