Parc
du Cinquantenaire, 2013
POINT
DE VUE
Je
m'étonne parfois de constater combien dépouillées peuvent paraître
certaines scènes que je photographie. Magie – tromperie diront
certains – du cadrage. Il isole le sujet qui en devient principal
par défaut. Mais quand la scène ainsi mise en valeur apporte son
lot d'interrogations, l'image devient alors vraiment intéressante.
Une
toile blanche avait été tendue afin d'isoler une partie du parc
dans le cadre d'un événement. Bizarrement elle était percée d'une
ouverture permettant de voir ce qui se passait derrière. Du moins,
si l'on avait la taille d'un adulte...
Un
père porte son enfant afin de lui permettre de jouir d'un spectacle
auquel il n'aurait pu accéder seul. Qu'y a-t-il là derrière ?
Pourquoi ce voile ? Pour cacher quelque chose ? Mais alors
pourquoi y avoir fait cette ouverture ?
C'est
vers une intéressante conclusion que nous mène une courte
méditation sur cette photo. Un voile masque mais, simultanément, se
fait invitation à contempler ce qu'il masque. Curieuse
contradiction. Masquer n'est pas tant cacher – ce qui suppose le
secret – qu'éveiller la curiosité ; c'est comme une invite à
l'indiscrétion. Et une métaphore de l'essence de la vérité :
ce qui voile dévoile en même temps. Par conséquent tout
dévoilement – toute vérité – présuppose le voile, la
dissimulation, l'occultation, le recel... Comment alors une vérité
pourrait être dite absolue ?
Un père porte son enfant afin qu'il
apprenne à regarder au-delà de l'apparence des choses. La vérité
est aussi affaire de point de vue.
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