samedi 9 mai 2020

52 SEMAINES À BRUXELLES – Vingt-cinquième semaine

Gay Pride Parade 2016

LES YEUX VAIRONS


J'avais une tante par alliance, décédée depuis, qui avait les yeux vairons. De vrais yeux vairons ; brun d'un côté, bleu de l'autre.

Cela me troublait profondément, au point que j'évitais quelquefois son regard. Elle n'était pourtant ni sévère ni méchante ; que du contraire ! Mais j'éprouvais le sentiment inquiet de me trouver en présence de deux personnes distinctes. Ses yeux étaient comme la manifestation d'un dédoublement de personnalité. C'est un sentiment très différent de celui que l'on éprouve avec le strabisme, où l'on ne sait au juste auquel des deux yeux il faut s'adresser. C'est là une même personnalité qui semble migrer d'un œil à l'autre.

Mais les yeux vairons vous dardent bien droit, et il n'y a pas d'ambiguïté : ils sont deux à vous regarder, mais chacun est différent. Je suis très sensible à la couleur des yeux de mes interlocuteurs ; j'y crois toujours percevoir l'expression de leur personnalité.

Que dire du cas présenté par cette photographie ? Il y a là dissimulation évidente. Ce dédoublement ostensible se fait ici mascarade, mais néanmoins trouble et inquiète. Aucun masque ne saurait assurer une telle duplicité. À la lettre, ce visage est pure inconnue et profond mystère.

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