dimanche 14 juin 2020

52 SEMAINES À BRUXELLES – Trentième semaine

Zinneke Parade, 2018

SOLITUDE


Solitude : « état d'un lieu désert ». Or, dans cette photo, il y a du monde ; ce titre lui est-il vraiment adéquat ? Et pourtant, à la considérer, c'est bien le mot solitude qui s'impose spontanément. Il s'impose parce qu'il n'y a qu'un punctum qui y perce : ce seul visage vers lequel, immanquablement, l'attention se porte. Un visage qui, à lui seul, confère tout son sens à cette photo.

Cette personne au visage un peu figé est seule – et donc solitaire – parce que toutes les autres sont comme absentes de l'image : elles se détournent de l'objectif du photographe, s'affairent à diverses choses, discutent, boivent... Ce seul visage qui nous fait face manifeste ainsi son isolement. Cette personne ne participe pas aux affairement du groupe, elle en reste ignorée, presque exclue. Les autres, aussi nombreux soient-ils, aussi agités, bruyants, gesticulants... ne représentent rien : l'œil qui contemple l'image ne s'y attarde pas. Dans le cadre de cette photo, j'ai fait de cette foule le désert qui crée la solitude d'une personne.

Certes, il semble qu'elle soit là un peu malgré elle, étrangère aux intérêts du groupe. On devine chez elle un certain handicap, une certaine différence. Assez pour que le groupe, se croyant pourtant solidaire, instaure suffisamment de solitude pour que l'un de ses membres s'y retrouve isolé.

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