Zinneke
Parade, 2018
SOLITUDE
Solitude : « état d'un
lieu désert ». Or, dans cette photo, il y a du monde ; ce
titre lui est-il vraiment adéquat ? Et pourtant, à la
considérer, c'est bien le mot solitude qui s'impose spontanément.
Il s'impose parce qu'il n'y a qu'un punctum qui y perce :
ce seul visage vers lequel, immanquablement, l'attention se porte. Un
visage qui, à lui seul, confère tout son sens à cette photo.
Cette personne au visage un peu figé
est seule – et donc solitaire – parce que toutes les
autres sont comme absentes de l'image : elles se détournent de
l'objectif du photographe, s'affairent à diverses choses, discutent,
boivent... Ce seul visage qui nous fait face manifeste ainsi son
isolement. Cette personne ne participe pas aux affairement du groupe,
elle en reste ignorée, presque exclue. Les autres, aussi nombreux
soient-ils, aussi agités, bruyants, gesticulants... ne représentent
rien : l'œil qui contemple l'image ne s'y attarde pas. Dans le
cadre de cette photo, j'ai fait de cette foule le désert qui crée
la solitude d'une personne.
Certes, il semble qu'elle soit là
un peu malgré elle, étrangère aux intérêts du groupe. On devine
chez elle un certain handicap, une certaine différence. Assez pour
que le groupe, se croyant pourtant solidaire, instaure suffisamment
de solitude pour que l'un de ses membres s'y retrouve isolé.
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