Grand
Place, 1981
RAYONNEMENT
Cette image évoque celle d'une
explosion, sorte de big bang graphique. D'un centre qu'on
n'aperçoit pas s'élancent à la conquête de l'espace les faisceaux
colorés d'un parasol en gloire. Il rayonne.
Il rayonne comme un lever de soleil,
chargé de promesses (et non comme un coucher, qui est lourd de
regrets). Il rayonne comme une fleur qui s'épanouit en exposant son
cœur : photographe en action.
Rayonner signifie s'étendre,
irradier, fuser vers des confins, jaillir d'un centre que l'on fuit.
Rayonner est ainsi toujours perçu positivement : c'est aller au
loin, aller de l'avant, conquérir et s'imposer. C'est volonté
d'expansion. À l'inverse, converger n'a pas cette connotation
systématiquement positive. Converger, c'est se replier, se refermer
sur soi, revenir au point de départ. Régresser, non pas progresser.
Alors qu'une convergence est une concentration ou un rassemblement.
Ce qui peut, selon les circonstances, avoir pourtant valeur positive.
Cette photo, toutefois, impose le
sentiment du rayonnement. Est-ce parce qu'elle semble émaner de
l'attitude faite toute de minutie que cette dame adopte ? Est-ce
que ce souci du réglage précis, en son acribie, appelle
immanquablement une « belle photo » ? Je ne saurais
en décider.
Cette dame, foyer rayonnant, cœur
floral, absorbée tout entière en son souci du cadrage rigoureux, de
la mise au point précise et de l'exposition idéale, ne veut –
c'est évident – « rater sa photo ». Tous les moyens
requis sont mis en œuvre en vue de ce souhait. De ce souci de bien
faire, de cette concentration sur le sujet, de cet invulnérable
solipsisme – car retour sur soi, ce qui est tout convergence
– rayonne la passion d'une exemplaire perfection qui ne saurait se
faire que réussite.
J'espère, Madame, que votre photo
vous réjouit autant que j'éprouve du plaisir à regarder la mienne.
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