Place
Sainte-Catherine, 2016
L'OMBRE
PORTÉE
Jeune, je dédaignais
les lumières de l'hiver. Ou elles me paraissaient si grises, si
ternes, si mornes que je ne pouvais imaginer qu'elles pussent exalter
les couleurs. Ou alors, si la journée était ensoleillée, je les
trouvais trop crues, trop rases, trop brèves. J'attendais le mois de
mai pour daigner photographier au lever ou au coucher du soleil. Sot
que j'étais ! Que n'ai-je manqué d'opportunités irrévocables
de saisir des images exceptionnelles !
Combien riches d'images
rares est le soleil d'hiver ! Il pénètre profondément dans
les replis de la ville en révélant des lieux et des scènes que le
soleil d'été ignore. La lumière de l'hiver dresse la scène épique
où se joue la lutte éternelle de l'Ombre et de la Lumière.
C'est l'ombre qui est
essentielle. S'il n'y avait point d'ombre, nous ne percevrions pas la
lumière. Car si la lumière crée l'ombre, c'est l'ombre qui révèle
la lumière. Une ombre est la marque visible d'un manque,
c'est-à-dire d'une absence.
L'ombre et la lumière
structurent cette photo. Les couleurs leur font contrepoint, créant
des cases où, dans l'une d'elles, se dessine la silhouette d'une
vapoteuse. « Ombre portée » dira-t-on. Quelle belle
expression ! C'est la vapoteuse en effet qui porte son ombre
dans cette image pour lui donner une dimension humaine sans laquelle
elle resterait inintéressante, sinon ennuyeuse.
Merci Madame d'avoir su
charmer la lumière pour me faire don, dans cette photo, de votre
absence.
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