samedi 7 décembre 2019

52 SEMAINES À BRUXELLES - Troisième semaine

Place Sainte-Catherine, 2016



L'OMBRE PORTÉE





Jeune, je dédaignais les lumières de l'hiver. Ou elles me paraissaient si grises, si ternes, si mornes que je ne pouvais imaginer qu'elles pussent exalter les couleurs. Ou alors, si la journée était ensoleillée, je les trouvais trop crues, trop rases, trop brèves. J'attendais le mois de mai pour daigner photographier au lever ou au coucher du soleil. Sot que j'étais ! Que n'ai-je manqué d'opportunités irrévocables de saisir des images exceptionnelles !

Combien riches d'images rares est le soleil d'hiver ! Il pénètre profondément dans les replis de la ville en révélant des lieux et des scènes que le soleil d'été ignore. La lumière de l'hiver dresse la scène épique où se joue la lutte éternelle de l'Ombre et de la Lumière.

C'est l'ombre qui est essentielle. S'il n'y avait point d'ombre, nous ne percevrions pas la lumière. Car si la lumière crée l'ombre, c'est l'ombre qui révèle la lumière. Une ombre est la marque visible d'un manque, c'est-à-dire d'une absence.

L'ombre et la lumière structurent cette photo. Les couleurs leur font contrepoint, créant des cases où, dans l'une d'elles, se dessine la silhouette d'une vapoteuse. « Ombre portée » dira-t-on. Quelle belle expression ! C'est la vapoteuse en effet qui porte son ombre dans cette image pour lui donner une dimension humaine sans laquelle elle resterait inintéressante, sinon ennuyeuse.

Merci Madame d'avoir su charmer la lumière pour me faire don, dans cette photo, de votre absence.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire