Rue
de la Régence, 2010
JANUS
CHAUFFEUR DE BUS
Il faut laisser faire
le hasard, surtout quand il fait bien les choses.
C'est par ce rouge
dominant qui charpente cette image que mon regard avait été attiré.
Je ne voyais que lui. Si cela pouvait faire une bonne photo ou non,
était une question qui ne m'effleurait même pas. Ce rouge
m'apostrophait : « photographie-moi ! » Je ne
pouvais qu'obéir à cet impératif. Dans ce genre de situation,
pressé par l'évanescence programmée de l'événement, on ne songe
guère au-delà du souci de capturer l'instant. L'autobus était sur
le point de repartir. Vite ! Cadrer ; ajuster la mise au
point ; se fier à l'exposition automatique ; déclencher
enfin... Juste à temps ! Et maintenant, à la grâce de Dieu.
Ce n'est qu'en éditant
la photo que j'aperçus le visage de Janus du chauffeur. Dans la hâte
de la prise de vue, je n'ai rien vu d'autre que tout ce rouge qui
m'en mettait plein les yeux.
Le hasard est un
sorcier bien trop fantasque pour s'y fier. Il ne faut pas compter sur
lui ; il déçoit trop souvent. C'est dans l'innocence de
l'événement natif, dans le miracle d'une conjonction heureuse, mais
éphémère, qu'il se révèle quelquefois un bon allié. Le
photographe doit se faire opportuniste ; c'est alors qu'il est
récompensé.
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