Rue
Ernest Allard, 2012
ATTESTATION
DE PRÉSENCE
Flâner un dimanche soir dans les
rues d'une grande ville c'est en humer une atmosphère très
particulière. La ville semble s'être mise en veille, comme pour se
remettre des excès de la journée et se préparer pour un nouvel
élan. Lundi matin se tient en embuscade.
Une fenêtre éclairée se détachait
dans la masse sombre de l'Athénée Robert Catteau. Une seule fenêtre
qui semblait comme un phare allumé à l'orée de la nuit. Une seule
fenêtre... S'agissait-il d'un oubli ou y avait-il là quelqu'un
affairé à quelque tâche ? Je me plais à croire que la
deuxième hypothèse est la bonne.
C'est donc une présence que
manifeste cette fenêtre éclairée. J'imagine bien un professeur ou
un secrétaire s'affairant à ce que tout soit prêt pour la rentrée
du lundi matin. Ce souci lui a enjoint de sacrifier son dimanche soir
afin de s'immerger déjà, avant tous les autres, dans la frénésie
de la semaine. J'imagine les classes vides, les longs couloirs
déserts où résonnent à l'infini les pas de celui qui s'y presse.
J'imagine tout cela mais, au fond,
je n'en sais rien. Je m'interroge : qui est là ? Qu'y
fait-il ? Qu'est-ce qui l'a poussé à venir en ce lieu désert
un dimanche soir ? Cette fenêtre éclairée, c'est ce que la
photo montre du doigt – et aussitôt suscite l'interrogation. Nous
nous surprenons, rêveurs, à imaginer mille histoires. Toute
photographie est une invitation à la rêverie.
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