samedi 1 août 2020

52 SEMAINES À BRUXELLES – Trente-septième semaine

Rue de la Madeleine, 2010

NUDITÉ PUBLIQUE


La nudité publique dérange, choque certains, embarrasse les autres. Certes, c'est aussi selon les circonstances et les cultures, mais dans une grande ville comme Bruxelles, elle n'a pas sa place dans l'espace public.

Mais qu'en est-il d'un mannequin nu ? Ne s'agit-il pas là que d'une poupée, grandeur nature, plutôt réaliste par certains aspects, certes, mais qui reste néanmoins un objet ?

Je ne me souviens plus très bien des circonstances dans lesquelles cette photo fut prise. C'était au bas de la rue de la Madeleine, où se tient une sorte de marché à babioles pour touristes. Ce mannequin se tenait ainsi affublé, à la vue de tous, dans une échoppe qu'on avait désertée. Singulièrement, on avait pris soin de « l'habiller », comme s'il fallait faire quelque chose, fût-ce peu, pour que la pudeur ne soit pas attentée.

Mais quel accoutrement bizarre ! Un bonnet digne d'hivers sibériens et une écharpe dont la couleur orange a pour effet d'attirer le regard sur ces seins qu'elle tente approximativement de cacher... et c'est tout ! Le bas du corps, avec ses profils et galbes suggestifs, ne manque pas de faire finalement, et peut-être même premièrement, converger les regards vers ce point du corps féminin qui constitue la plus grande affaire de l'humanité depuis qu'elle existe, et par lequel nous sommes tous passés.

On se prend d'affection pour ce corps offensé tant il semble l'être par surprise : il rejette les bras en arrière, comme s'il venait d'être soudain dévoilé, ainsi que le révèle de même l'expression troublante du visage.

Il n'y a pas de doute que notre phobie de la nudité publique finit par se porter sur les objets aussitôt que ceux-ci la suggèrent, fût-ce elliptiquement. Et révélant ainsi notre malaise, sinon notre hypocrisie, devant ce qui nous rappelle cet angoissant fantasme qui nous hante tous : être exposé nu en public.

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